(Entrevue datant de 01-02-2008)
Chaque personne a ses propres raisons lorsqu’elle choisit sa formation et son action. Chaque individu a ses 
qualités et ses ambitions. Parfois, c’est le chemin qui y mène qui est important. Dans d’autres cas, c’est la destination. Quoi qu’il en soit, c’est l’être humain lui-même qui, à travers sa détermination et ses rêves, décide de la personne qu’il voudrait être. C’est avec plaisir que Mme Roseline Beausoleil, stagiaire en droit, a décidé de partager tout cela avec Jurizone.
Jurizone : Tout d’abord, pourquoi vous avez choisi le droit ?
Roseline Beausoleil : L’idée de m’orienter vers le milieu juridique m’est venue au Cégep. Je réalisais que j’avais de la facilité à argumenter et à parler en public. Aussi, étant une personne très curieuse, il me fallait un travail où j’aurais beaucoup de recherches à effectuer.
Jurizone : Parlez-nous un peu de votre formation et l’ambiance au sein de la faculté dans laquelle vous avez fait vos études en droit?
Roseline Beausoleil : J’ai fait mon droit à l’Université du Québec à Montréal. J’ai adoré ce campus. Je me suis même impliquée dans l’Association étudiante en tant que vice-présidente à l’externe. L’ambiance du baccalauréat en droit de l’UQÀM était une ambiance de fraternité. C’est d’ailleurs lors de cette période de ma vie que j’ai eu les plus belles amitiés. En ce qui concerne la formation, l’UQÀM respecte son slogan, soit : « Prenez position », car la théorie du droit y est enseignée, mais on y ajoute des discussions sur les enjeux présents et futurs. Cela nous amène à prendre position sur certains débats juridiques contemporains.
Jurizone : Ainsi, vous vous êtes impliquée dans la vie étudiante ?
Roseline Beausoleil : Oui, je me suis impliquée lors de ma deuxième année universitaire, en siégeant au poste de vice-présidente aux affaires externes au sein de l’Association étudiante. Je devais faire le pont entre les autres programmes du département des sciences juridiques et de politique et notre programme de droit ainsi que faire le pont entre le bac en droit de notre université et celui des autres universités.
Jurizone : En quoi pensez-vous que c’est important ?
Roseline Beausoleil : Premièrement, c’est un plus dans le C.V. Deuxièmement, étudier et effectuer d’autres tâches nous apprend à bien gérer de notre temps.
Jurizone : Revenons à votre formation. Comment avez-vous trouvé la formation à l’école du Barreau ?
Roseline Beausoleil : J’ai adoré ma formation au Barreau. Je suggère à tous de s’inscrire au programme de quatre mois. Mes amis qui ont fait le programme de huit mois se sont investis durant les quatre premier mois voulant en apprendre le plus possible pour bien réussir et n’avait plus de motivation pour les quatre derniers mois, là où il y a les examens et que la formation est plus complète.
Jurizone : Y avez-vous trouvé une différence avec la formation universitaire ?
Roseline Beausoleil : Les quatre premiers mois sont sous le principe des cours magistraux ce qui ne change pas de l’université. Par contre, les quatre derniers sont sous le principe de Harvard, c’est à dire que l’on doit répondre à une multitude de questions sur un sujet donné, ce qui nous amène à chercher la réponse dans nos livres et ainsi apprendre la matière. J’ai adoré ce système car c’est beaucoup plus interactif. On se pratique aussi à notre future profession d’avocat car il faut chercher les réponses comme si un client nous avait soumis son cas et qu’il fallait lui trouver des réponses. C’est très formatif.
Jurizone : Vous poursuivez actuellement votre stage. Comment trouvez-vous l’expérience ?
Roseline Beausoleil : C’est une très bonne expérience. Je fais mon stage dans un petit bureau.
Jurizone : En quoi est-ce avantageux de le faire dans un petit bureau ?
Roseline Beausoleil : J’ai la chance de voir tout ce qui se passe dans un dossier et j’ai une grande latitude dans mon travail. Je m’occupe de plusieurs dossiers sous la supervision d’une avocate. Le stage de 6 mois est primordial car c’est à cette période que l’on apprend vraiment ce qu’est être un avocat. C’est très demandant car on apprend des choses que l’on ne nous a jamais appris à l’École comme par exemple, présenter un dossier devant la Cour, rencontrer un client et lui poser les questions appropriées, faire la collecte de nos honoraires auprès de nos clients, etc. Ce n’est plus seulement appliquer le droit, mais c’est aussi faire rouler une entreprise. C’est l’apprentissage de toutes ces choses qu’il faut combiner en plus du stress de vouloir performer et les heures supplémentaires que l’on doit faire. Finalement, le stage est l’étape de notre vie où l’on apprend le plus en peu de temps, mais aussi où l’on est le plus stressé.
Jurizone : Pensez-vous qu’il faudrait commencer ce genre d’expérience, d’appliquer au niveau de la pratique, dès les années universitaires ?
Roseline Beausoleil : Oui, j’ai moi-même travaillé dans un cabinet pendant mes deux dernières années universitaires. Cela aide pour les cours de procédure car je crois que l’on apprend beaucoup plus lorsque l’on voit ce que c’est dans la réalité. C’est aussi moins stressant, lorsque l’on commence notre stage, de connaître le fonctionnement d’un bureau d’avocat et, ce travail peut nous donner l’opportunité de nous trouver un stage plus facilement. Je crois même qu’il est important pour les gens au bac qui veulent être avocat d’essayer de se trouver un emploi ou un stage universitaire dans le domaine.
Jurizone : Vous terminez votre stage ce mois-ci. Comment vous sentez-vous à la veille de votre assermentation et de devenir maître?
Roseline Beausoleil : J’ai hâte! Mon stage est la dernière étape avant que mes études soient réellement terminées. J’ai donc très hâte, après tant d’années, d’être assermentée, c’est la récompense à mes efforts.
Jurizone : Selon vous, quelles qualités devrait avoir une personne qui compte entamer des études en droit ?
Roseline Beausoleil : Curieux, débrouillard, fonceur. Il faut aussi être humble car nous ne sommes pas bons en commençant et il faut être capable de ne pas trop s’en mettre sur les épaules.
Jurizone : Quelles sont les caractéristiques d’un bon avocat ou d’une bonne avocate selon vous ?
Roseline Beausoleil : Humain et travaillant. Premièrement, humain car c’est avec des humains que l’on travaille. Nous avons la responsabilité d’être gardien des droits de nos clients. Il faut donc toujours garder en tête que tout ce que l’on fait aura des répercutions sur leur vie (argent, amour, faillite). Souvent, nous devrons jouer au psychologue et je pense à ceux qui feront du familial ou nous devrons trouver les bons mots pour expliquer à quelqu’un que sa compagnie devra faire faillite. L’avocat ne fait pas seulement analyser froidement une situation juridique, il est aussi en interaction avec des clients qui, habituellement ont des problèmes puisqu’ils viennent nous voir. Deuxièmement, il faut être travaillant. Les recherches que l’on effectue doivent être complètes et exhaustives. Il faut toujours lire de la doctrine et de la jurisprudence lorsque l’on fait face à un problème. Il faut s’assurer de tout savoir sur la question ainsi que d’avoir un aperçu des jurisprudences pour et contre. C’est la bonne façon de se préparer. En tant qu’avocat, on ne peut rien laisser au hasard, car, comme je le disais auparavant, on joue avec les droits de nos clients, ce sont de grandes responsabilités.
Jurizone : Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir du monde juridique ?
Roseline Beausoleil : Il y aura de plus en plus de spécialisations. La technologie et l’avancement dans la recherche nous amènent de plus en plus de lois. Il y a de nouvelles normes à respecter dans plusieurs domaines et, même les règles en matière de preuve sont amenées à changer. Nous n’avons qu’à penser aux documents technologiques. Les avocats généralistes ne pourront être à l’affût de toutes ces nouvelles lois et de l’interprétation des tribunaux qui en découle et donc, ne pourront pas être efficace dans tous les domaines. Je crois que l’avenir juridique est à la spécialisation.
